Pour un enseignant, être expert de son activité professionnelle n’empêche pas de se retrouver en situation de difficulté face à des situations professionnelles inédites ou face à de nouvelles tâches prescrites. C’est souvent ce qui va le conduire à s’engager dans une démarche de formation.
Un contexte à analyser
Les enseignants effectuent un travail dont la difficulté et la complexité vont croissantes pour répondre aux mutations de leur public : l’Ecole en France est un microcosme dans lequel se cristallisent les difficultés de la société (inégalités croissantes, malentendus avec les familles, climat difficile, fort déterminisme social…). Quelques éléments pour illustrer cela :
La réalité : l’école ne réduit pas les inégalités
Aujourd’hui, l’école ne permet pas à tous les élèves de réussir.
L’enfant qui nait et grandit dans un milieu de CSP aisée a beaucoup plus de chances d’atteindre un niveau d’étude élevé que celui qui nait dans une famille de CSP défavorisée. C’est que l’on appelle le déterminisme scolaire.
* sur la période 2012-2015. Données : <a href= »http://www.education.gouv.fr/cid57102/l-etat-de-l-ecole-2016.-couts-activites-resultats.html »>L’Etat de l’Ecole 2016</a> (MENESR-DEPP, d’après enquêtes emploi de l’INSEE).
Un élève en difficulté scolaire finit souvent par décrocher au collège ou au lycée.
Avec peu ou pas de diplômes, cet enfant sort également de l’école avec un sentiment d’échec et une estime de soi très faible.
Pour cet enfant, c’est alors la promesse d’une vie d’adulte plus difficile que pour ceux qui continuent leur parcours scolaire.
* depuis 1 à 4 ans. Données : L’Etat de l’Ecole 2016 (MENESR-DEPP, d’après enquêtes emploi de l’INSEE).
Ces constats, largement relayés par les médias, engendrent chez beaucoup d’enseignants une forme de découragement ou d’impuissance. Pour certains se développe un sentiment de culpabilité, d’autres attribuent aux élèves la responsabilité de leurs échecs. Le changement, bien que perçu comme indispensable, semble souvent impossible.
Posture du formateur : une éthique à incarner
En tant que formateur, il ne s’agit pas de juger les enseignants en dénonçant leur prétendue « résistance au changement ».
Dans le programme Apprenance, être formateur, c’est faire preuve :
- d’humilité : il ne suffit pas de prescrire ou d’expliquer pour transformer ; il n’y a pas de réponses « toutes faites » aux difficultés vécues par les enseignants.
- d’empathie : l’écart entre les prescriptions multiples et le métier tel qu’il souhaiterait l’exercer peut placer l’enseignant dans une forme de sidération – il est confronté à une « panne de métier » qu’il faut comprendre et non pas juger.
- de patience : le changement prend du temps car il nécessite notamment de remettre en cause ses propres représentations. Chaque enseignant va évoluer à son rythme au cours de la formation.
- de tolérance : la formation est un espace d’expression – laisser s’exprimer les points de vue de chacun permet en retour d’aider les enseignants à modifier leurs attitudes et leurs comportements.
- de curiosité et de créativité : pour s’alimenter des travaux scientifiques et réfléchir à leur mise en œuvre pratique dans les classes.
- de détermination : pour transmettre aux enseignants la conviction de l’éducabilité de tous les élèves et l’énergie pour la mettre en œuvre.
Pour une formation contributive
